Je suis sur mon balcon au milieu de la nuit , 
La Lune brille pleine mais l’été est pourri , 
Un nuage la cache ; c’est la fidèle image 
De la fin d’un grand rêve ; nous ne fûmes pas sages . 

Quelques tonnes de métal , c’est tout ce qu’on a pu 
Envoyer sur son sol , les humains n’y vont plus , 
C’était un bel essai mais le but est manqué , 
On n’est même plus foutus d’encore y retourner . 

C’était notre banlieue , on n’est pas allés loin 
Et c’était pas la peine de faire tant de foin 
Pour tout laisser tomber…Et Mars restera beau , 
Sans souvenir à nous à part quelques robots 

Qui s’éteindront bientôt par manque d’énergie , 
Pour les machines aussi l’énergie c’est la vie ; 
Les tempêtes de sable terniront les panneaux 
Tendus vers le soleil et ils feront dodo ; 

L’atmosphère corrosive en à peine cent ans 
Aura raison de tout ce qui a coûté tant ; 
Il restera peut-être ce bout de plaque en or 
Où on avait gravé qu’on était fiers et forts . 

Dix milliards à nourrir c’est mission impossible 
Et pour qui sait compter c’en est même risible ; 
Les guerres qui vont venir seront certes nouvelles 
Mais laisseront la Terre à l’état de poubelle ; 

Quelques tribus éparses en proie aux maladies 
Peut-être survivront mais elle sera finie 
La route des étoiles et aussi autres routes 
Car qui a ventre creux a l’esprit en déroute ; 

On ne saura plus lire , ce sera inutile , 
On oubliera très vite les légendes futiles 
D’une ancienne grandeur , qui donc croira le conte 
Qui pour tout survivant sera comme une honte ? 

Peut-être un jour viendra où un vaisseau errant 
Passera par ici , par hasard retrouvant 
Ce bout de plaque en or avec écrit dessus 
Que des êtres pensants un jour avaient vécu . 

Seront-ils attristés ces Seigneurs de l’Espace 
D’une civilisation d’avoir retrouvé trace ? 
Car de savants point,  sinon quelques sauvages 
Affamés et puants , valant pas le voyage ! 

Nous avions des poètes , des savants,  des musiques 
et nous avions l’Amour qui nous rendait uniques 
Et avec tant de dons nous n’avons fait que ça ? 
Je hais la bêtise qui nous a mené là .