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Couplage
Lulu est en colère parce qu’elle n’est pas parvenue à poser en douceur l’avionnette sur laquelle elle a embarqué avec un malfaisant de passage.
Le moniteur ne la calme pas en déclarant à la cantonade qu’elle n’avait qu’à lui demander la permission…qu’il lui aurait refusée…car on ne monte pas dans une trapanelle manifestement centrée arrière.
-Comment tu le sais ?
-Quand le malfaisant a levé le nez au décollage la gouverne a à peine bougé…et il l’a ramenée vivement au neutre avant la fin de la rotation : c’est mauvais signe!
Confesse tes observations mauvaise fille si tu veux être pardonnée.
-Je n’arrivais pas à stabiliser en tangage : le moindre mouvement du manche, à piquer ou à cabrer, donnait une réponse excessive et peu précise…
Quand je voulais contrer, c’était toujours trop…
-Tu as été victime d’un couplage….Et le moniteur va quérir dans un coin du hangar un balai, une règle d’un mètre et une autre de cinquante cm.
Il demande à Lulu de tenir le balai en équilibre, poils en haut, dressé sur sa paume.
-Facile ! Je peux même le faire avec le pied ! (elle le fait, sous l’ovation tonitruante de l’assistance).
-Pareil avec la règle d’un mètre.
-Moins facile…Faut réagir plus vite. J’essaie même pas avec le pied.
-Et maintenant avec la petite règle.
-J’y arrive pas!
-Pourtant la gravité est constante , dit le matheux.
-Certes mais le balai tombe de plus haut.
Le système nerveux humain a besoin d’une perception suffisante avant de réagir et la petite règle ne lui en laisse pas le temps…
Pour un même angle d’écart la distance parcourue par le haut du balai est beaucoup plus grande et bien plus tôt visible, le temps est un peu plus long…et la main a le temps de redresser la situation en allant se placer au devant de la verticale du futur centre de gravité.
Perception, compréhension, décision, ordre, contraction musculaire, résultat, correction fine…C’est déjà formidable qu’on fasse tout ça en un quart de seconde tout en anticipant la suite!
Tout mobile est impilotable s’il diverge plus vite qu’on ne peut le corriger.
Le pire c’est quand la vitesse de correction est voisine de la vitesse de divergence : on corrige dans la précipitation, sans précision, souvent trop, la machine repart de l’autre côté, on re-contre…et vous devinez la suite…
-Le système entre en oscillations entretenues…C’est du flutter humainement excité! conclut le matheux.
Cliquez sur la photo pour voir un exemple (panne électrique et centrage arrière!)
Tu ne saurais mieux dire et je condamne Lulu à une tournée de jus d’ananas pour avoir risqué sa peau inconsidérément.