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Manche et manette

   Le matheux et l’ahuri sont au centre d’une discussion contradictoire. Le premier soutient la méthode classique: le manche c’est l’incidence donc la vitesse, la puissance c’est l’énergie donc l’ascension. Le second défend la méthode moderne : le manche c’est la pente et la puissance c’est la vitesse : tout le contraire ! 

     La troupe en appelle au moniteur pour trancher et à sa grande surprise il leur dit que st.Yan et Gilbert ont raison tous les deux car on ne parle ni des mêmes machines ni des mêmes besoins…et il raconte une histoire : 

     Gilbert Klopfstein traversait de nuit avec son Mirage une neige légère. 
En regard de la vitesse du bolide on pouvait considérer les flocons immobiles et, puissamment éclairés par les phares, ils surgissaient vers le pare-brise, rayonnant d’un centre représentant le point d’aboutissement, c’est à dire l’origine de l’inverse du vecteur vitesse. 
Si Gilbert ralentissait l’avion, diminuant les gaz et devant faire croître l’incidence, l’origine s’abaissait dans le pare-brise. Il eût alors la révélation et le projet d’un collimateur, projeté sur la vitre, figurant le point d’aboutissement de la trajectoire, appareil novateur maintenant utilisé pour l'appontage et sur la navette spatiale et bientôt par tous les gros avions. Cet instrument ne présente au pilote que ce qu’il verrait dehors par bonne visibilité et celui-ci conduit sa machine naturellement comme d’habitude .

      C’est un instrument instinctif qui laisse à l’humain sa pleine initiative, ce pour quoi il est rejeté par les partisans du tout automatique qui veulent enlever le pilote de l’avion ! ( Qu’en diraient les passagers ? ) les robots …oui…mais quand ils penseront comme nous…et c’est pas demain la veille ! 

Regarder le collimateur d'approche de la navette spatiale en cliquant sur cette vignette.

manche-manette.jpg

Altimètre à droite, vitesse à gauche, point d' aboutissement au centre.

     Les lois de la mécanique de vol sont immuables pour les petites ou les grosses machines: sur Mirage ou Airbus pousser sur le manche fait toujours accélérer et augmenter la puissance fait toujours monter…mais ce qui change c’est la puissance considérable du chasseur et l’inertie colossale du transporteur. 

     Il devient alors intéressant sur chasseur de modifier la vitesse avec la puissance (comme sur modèle réduit, généralement surpuissant ), tout en modifiant l’incidence inversement pour garder la trajectoire rectiligne…et de faire de même sur les gros afin de ne pas indisposer les passagers par des ondulations sensibles de trajectoire. 

     Le pilote automatique électrique moderne conjugue puissance et incidence pour ce faire ; on appelle cette fonction « auto-manette ». 

     Cela impose d’excellents capteurs de vitesse, incidence, altitude… instruments sophistiqués, dont la mal fonction est parfois désastreuse, comme dirait Murphy. 

     Sur avion léger, de puissance anémique et non assisté robotiquement, l’évangile selon st. Yan garde toute sa sainteté. 

     L’assistance reste coite un instant devant cette lyrique envolée…mais le renard pose la question qui fâche : 
-Alors pourquoi toutes ces querelles entre anciens et modernes dans les revues aéro ? 

     Lulu, comme toujours, trouve une réponse diplomatique : 
-Sans doute parce que les journaleux causent sans comprendre ! 

     Pour fêter cette logique conclusion le moniteur offre une tournée de jus d’ananas et se voit gratifié d’un battement de cils de Lulu.

   


Date de création : 12/07/2017 16:21
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