Quel servo ?

      L’ahuri, adroit modéliste, est en grande discussion avec le matheux à propos de savoir quel servo utiliser pour actionner les gouvernes de ses modèles. 

    Le matheux lui montre des bouquins qui traitent du calcul des moments de charnière et les deux compères déplorent la complexité et l’approximation des solutions exposées. 

    Le renard intervient : 

    - Yaka regarder les résultats de soufflerie ! L’expérience est seule juge ! 

    - Oui mais un passage en soufflerie coûte cher parce qu’il fait payer son excellence exclusive ! C’est la loi du marché ! 

    - Il doit bien y avoir des recettes de cuisine … et il tourne un regard sournois vers le moniteur qui essaie de se défiler vers cette dernière. 

    - Comment choisis-tu tes servos ? On a remarqué que dans ta course effrénée à l’allègement tu en utilises de plus petits que de coutume. 

    Le pauvre va au tableau : 

    - Voici en pointillé la répartition de portance d’un profil...

    et voici celle du même, volet 1/4 C à 30° 

    L’augmentation de portance correspond à l’augmentation de surface délimitée en pointillé, comme si le volet travaillait comme une petite aile… 

    - Je devine que tu vas estimer la contribution de cette petite aile en proportion de sa surface… Est-ce bien judicieux ? 

    - Bof ! L’essentiel est qu’à la fin on trouve un résultat que l’expérience confirmera ! C’est le but des recettes de cuisine ! 

    Prenons un exemple :

    Un avion de 3,2 Kg - 2m d’envergure et 8 d’allongement. Voici sa 1/2 aile...

    Elle porte 1 600 gr ; la surface du volet vaut 1/8 et on va supposer que baissé il porte comme l’aile soit : 1 600/8 = 200gr qui s’exercent au 1/4 de sa corde soit : 6cm./4 = 1,5 cm...

d’où un couple pour le servo de : 200gr X 1,5 cm = 300 gr/cm à la vitesse de croisière. Si on double la vitesse l’effort sera multiplié par 4 soit 1,2 Kg/cm... Pour l’aileron qui ne braque pas tant ce sera moins. 

    En doublant par sécurité généreuse, des servos de 2,4 Kg/cm doivent suffire à chaque surface … Si c’était un avion de voltige ou un jet la vitesse deviendrait prépondérante mais à grande vitesse on ne braque pas les ailerons à fond et les volets pas du tout ! 

    Et sur ces paroles qu’il espère pas trop indigestes le moniteur se dirige vers la cuisine en quête d’un en-cas .